Liberté, Responsabilité, Solidarité !
Eric Jacquet-Lagrèze, 24 mars 2007
Quelle politique pour la France et pour l’Europe ? Compte-tenu de l’enjeu de l’élection présidentielle dans notre pays, il n’est pas inutile que chacun d’entre nous se pose ces questions. Nous autres Français, de par notre histoire, avons hérité de valeurs fortes. Celles de la République bien sûr, portées par la révolution française : Liberté, Egalité, Fraternité. Mais aussi des valeurs plus anciennes qui ont permis la création d’une nation autour d’un Etat centralisé, aux pouvoirs régaliens, et jusqu’en 1905 profondément influencé, voire co-dirigé, par l’Eglise catholique romaine. Parmi ces valeurs fondatrices, relevons l’autoritarisme paternel de l’Etat et le paternalisme autoritaire de l’Eglise. Dans nos cultures latines et catholiques, et on pourrait ajouter aujourd’hui islamistes, la relation des élites dirigeantes au peuple est une relation « parent-enfant », contrairement à celle des pays anglo-saxons et protestants où la relation est une relation « adulte-adulte ». Ces valeurs sont à l’origine de lois et de règlements compliqués, car l’élite juge le peuple irresponsable, l’encadre et le protège malgré lui. Elles engendrent à tous niveaux la recherche de privilèges, le sens de la hiérarchie, la méfiance, la culture de la non-transparence, voire de l’obscurantisme. Par réaction, elles favorisent la transgression de l’interdit, la fraude, l’indiscipline, la révolte, la descente dans
la rue. Ces valeurs fondatrices de la nation sont au cœur, sinon des blocages de la société française, du moins de sa très grande inefficacité politique et sociale. Il nous a fallu des Voltaire et des Rousseau pour oser changer le cours des choses, mais des Danton et des Robespierre nous ont vite conduit à remettre sur le trône un père en la personne de Napoléon. Il est permis d’espérer que la société française sorte un jour de l’adolescence pour enfin devenir une société adulte. A
la triade Liberté, Egalité, Fraternité, préférons celle de Liberté, Responsabilité, Solidarité.
Etre libre cela signifie avoir un espace de décision, donc une forme de pouvoir sur sa vie et sur sa mort. C’est avoir un travail et un revenu suffisant pour envisager l’avenir avec confiance. C’est avoir des rêves et des projets ; avoir foi dans l’avenir et croire au progrès dans toutes ses dimensions, technique, économique, sociale et politique. Etre libre c’est avoir les moyens d’agir et c’est accepter d’assumer les conséquences de ses actes, c’est donc aussi être responsable.
Etre responsable, c’est renoncer à un Etat providence qui nous incite à devenir des assistés. C’est renoncer aux privilèges et aux avantages acquis qu’ils soient individuels ou collectifs. Etre responsable, c’est assumer sa liberté, tout en souhaitant que les autres puissent en faire autant ; c’est donc aussi être solidaire.
Etre solidaires entre Français, c’est diminuer l’écart entre les revenus les plus faibles et les plus élevés, en relevant les bas salaires et en acceptant une augmentation des impôts sur le revenu pour les plus aisés. Etre solidaire entre générations, c’est aujourd’hui diminuer le poids de la dette publique et ne pas vivre au-dessus de nos moyens au dépend des générations futures. Etre solidaire des autres peuples, c’est construire une Europe politique ; c’est accepter et même souhaiter une économie mondiale qui diminue l’écart de niveau de vie entre les pays émergeants et les pays les plus développés. Etre solidaire, c’est partager les richesses et les connaissances que l’on a créées afin que les autres aussi puissent accéder à la liberté.
Candidats à l’élection présidentielle, osez des mesures radicales dont la France a besoin ! Les exemples suivants illustrent ce que serait une politique à la fois libérale et de gauche, pour une France adulte, une France de citoyens libres, responsables et solidaires.
1) Suppression des cotisations sociales prélevées sur le travail et report de la totalité des prélèvements sociaux obligatoires sur l’Impôt sur le Revenu (IR).
2) Fusion de la CSG et de l’IR en un seul impôt progressif sur l’ensemble des revenus et suppression de l’ISF, impôt démagogique, totalement injustifié économiquement.
3) Relèvement de tous les salaires au niveau du coût actuel du travail (salaire brut plus charges sociales). Cette mesure associée aux deux précédentes permettrait une revalorisation du pouvoir d’achat des classes modestes et moyennes et une diminution de l’écart des revenus, aujourd’hui excessif, entre riches et pauvres.
4) Remplacement des allocations familiales et assimilées par une politique fiscale renforçant l’impact du quotient familial dans le calcul de l’IR.
5) Diminution des allocations chômage et en contrepartie mesure d’abondement de l’Etat pendant une année pour aider les chômeurs à accepter un emploi moins bien rémunéré.
6) Augmentation des dépenses collectives et des services publics mais diminution du rôle de l’Etat et des collectivités locales dans la gestion opérationnelle de ces services en les confiant à des opérateurs privés sous forme de concessions.
7) Gratuité de la santé pour tous les Français pour la médecine préventive et pour les maladies importantes. Suppression des mutuelles collectives. Et corrélativement responsabilisation des consommateurs du système de santé en généralisant le principe de la franchise (100 à 200 euros par an et par personne par exemple).
8) Modification du statut de fonctionnaire et suppression des privilèges qui lui sont associés (emploi à vie, régimes de retraite préférentiels). Les salariés de l’Etat et des collectivités locales devraient être gérés comme tous les salariés de n’importe quelle entreprise privée.
9) Modernisation de la gestion des conflits sociaux et professionnalisation des syndicats par branche, véritables partenaires sociaux des DRH. Diminution du droit de grève dans toute entreprise en situation de monopole, dans toute entreprise ayant obtenue une concession de service publique (santé, éducation, transports publiques, police, armée…)
10) Fluidification du marché des logements en favorisant l’accession à la propriété en supprimant des taxes de mutation de propriété et en généralisant les prêts hypothécaires de façon à supprimer les exigences de garanties sur les revenus et autres cautions apportées par les acquéreurs ou leurs parents. Pour favoriser la mobilité géographique, possibilité de déduire de ses revenus imposables le montant du loyer du logement que l’on occupe comme locataire à hauteur du loyer perçu par la location de sa résidence principale.